«Trahir est parfois une nécessité» : Bruno Retailleau, de l’éloge de la rupture en politique
Par Gaspard Gantzer le 12 août 2025 - Temps de lecture : 3 minutes
Tribune
FIGAROVOX/TRIBUNE – Du statut de la Corse à la question algérienne, le ministre de l’Intérieur a verbalisé à plusieurs reprises ses désaccords avec Emmanuel Macron. Le communicant Gaspard Gantzer rappelle qu’en politique, la trahison est l’étape indispensable avant une succession.
Gaspard Gantzer a été conseiller en communication du président François Hollande. Il est président de Gantzer Agency.
«La fin du macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron.» Publiée dans Valeurs actuelles le mois dernier, la phrase sonne comme une épitaphe, mais surtout comme une déclaration de guerre. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, règle ses comptes avec le président. Ces mots savamment pesés font partie d’une stratégie de rupture lente et programmée, irrémédiable, aux ambitions élyséennes. En politique, trahir n’est pas toujours une faute, c’est même parfois une nécessité. Jusqu’où ira Bruno Retailleau ?
Depuis plusieurs mois, Retailleau construit méthodiquement son profil présidentiable. Sa ligne dure, sécuritaire, identitaire, l’a rendu audible dans l’opinion. À défaut d’incarner un parti fort, il joue la partition d’un homme de convictions. La cible se dévoile peu à peu : convaincre de l’impuissance macroniste. À chaque fois, le message se précise : apparaître comme un homme de convictions aux yeux des Français et s’imposer comme une alternative crédible au macronisme, sans compromis, à rebours d’un «en même temps» qui a déçu les Français.
Si Talleyrand nous apprend qu’en politique, « innover, c’est toujours trahir », encore faudrait-il que l’ex-sénateur de Vendée soit en capacité d’apporter des idées nouvelles
Gaspard Gantzer
Emmanuel Macron jouera-t-il le duel imposé par Bruno Retailleau ? Le face-à-face prévu le 24 juillet a été reporté par le président, qui s’est extrait de la confrontation. Il y a fort à parier que ces oppositions se répéteront pendant un an et demi, dans les médias, dans l’hémicycle, à la tribune.
Finalement, les deux se sont servis l’un de l’autre et pourraient continuer leur valse longtemps. Bruno Retailleau, en participant au gouvernement, émancipe en théorie son parti de l’ombre du Rassemblement national ; Emmanuel Macron, quant à lui, se recentre. Les quatre sont d’ailleurs testés par les sondages au coude-à-coude, avec 37% pour Philippe, 35% pour Attal, et 32% pour Darmanin et Retailleau.
Machiavel écrivait qu’un prince «a également besoin d’être renard pour connaître les pièges, et lion pour épouvanter les loups» : Retailleau oscille entre ces deux figures sans jamais vraiment s’imposer comme l’une ou l’autre. À un an et demi de l’élection présidentielle, Bruno Retailleau se retrouve ministre de l’Intérieur, à la tête d’un parti arrivé cinquième des dernières élections législatives, comptant 42 députés, tout en parvenant à se placer, pas à pas, comme premier challenger interne à la majorité. Chapeau l’artiste.
Espace commentaires
Pour poster un commentaire, veuillez vous connecter :
Laisser un commentaire
Les commentaires sont fermés.
jaryup-1443 le 13 août 2025 à 15 h 09 min
Ceci est un test