Badinter au Panthéon : la patrie ne lui est pas reconnaissante - Radio Courtoisie

Badinter au Panthéon : la patrie ne lui est pas reconnaissante

Par le 9 octobre 2025 - 6 minutes

Edito
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Jeudi 9 octobre, Robert Badinter fera son entrée au Panthéon. Et le choix de la date laisse entendre que, de la sorte, Emmanuel Macron entend notamment rendre hommage à l’homme qui a aboli la peine de mort. C’est en effet le 9 octobre 1981 qu’a été promulguée la loi abolissant la peine capitale.

Soit. Car, bien sûr, personne n’aime l’idée qu’un homme puisse être tiré d’une cellule pour être exécuté. Personne n’aime l’idée qu’on lui ôte la vie au petit matin. Personne n’aime qu’on le décapite.

En fait, personne n’aime la peine de mort, y compris ses partisans.

Et personne ne voit dans la guillotine un symbole de la France sauf ceux qui la confondent avec une République qui dans ses premières années en usa plus que de raison contre des innocents avant de s’enorgueillir de renoncer à l’utiliser contre les assassins.

Certains y voient un retournement ou une contradiction de la gauche. Mais on peut tout aussi bien y voir une sorte de constance. En effet, qu’elle glorifie ou condamne l’usage de la guillotine, la gauche – de Robespierre à Badinter – réussit le tour de force d’être toujours du côté des criminels et des assassins contre les innocents.

Il ne faut en effet pas se méprendre. L’homme qui va faire son entrée au Panthéon n’a pas seulement aboli la peine de mort mais toute peine, de toute sanction digne de ce nom.

Comme le soulignent Jean-Yves Le Gallou et l’équipe de Polemia, en appui de leur pétition contre la panthéonisation de Badinter, ce dernier a en effet abrogé la peine capitale sans créer de peine de substitution, sapant ainsi la hiérarchie des peines.

Et ce n’était que l’acte inaugural d’une entreprise de subversion générale de notre système pénal. En effet, garde des Sceaux, Badinter s’est appuyé sur le syndicat de la magistrature pour repenser le Code pénal et placer le délinquant au cœur de ses préoccupations, au lieu et place de la victime.

Dans son célèbre discours de 1981 contre la peine de mort Badinter ne dit pas seulement que « la justice de la France ne peut être une justice qui tue ». Il défend aussi une approche où la peine doit servir à réintégrer le délinquant dans la société, en s’attaquant aux prétendues causes profondes de la délinquance et de la criminalité que seraient, selon lui, la pauvreté, l’exclusion, les enfances difficiles, etc.

Cette attention portée au criminel et à ses motivations conduit mécaniquement à une relativisation de la faute. En mettant l’accent sur les circonstances atténuantes, la pensée de Badinter a fini par justifier le crime par des facteurs externes, créant ainsi la fameuse « culture de l’excuse »

Pis. En faisant ainsi du criminel une victime, cette approche fait nécessairement de la société le véritable coupable. Il y a dans cette logique une bonne dose de rousseauisme niais mais aussi une sorte d’avant-goût du wokisme puisqu’il s’agit, au fond, de dire que la société est coupable de fautes systémiques.

Cette idéologie a influencé les magistrats, et l’on en connaît aujourd’hui les fruits amers : le laxisme judiciaire, et même l’anarcho-tyrannie, cette attitude consistant, pour l’État, à se montrer laxiste avec les criminels mais intransigeant et impitoyable avec les honnêtes citoyens, avec ceux que le Syndicat de la magistrature a, plus tard, épinglés sur le fameux mur des cons.

Tout comme ce syndicat, Badinter n’aimait pas vraiment les Français et faisait peu de cas de leur opinion et de leur volonté. En 1981, lorsque la peine de mort a été abolie, 60 % des Français y étaient favorables. C’est d’ailleurs l’un des véritables raisons pour laquelle la gauche et l’extrême-centre adulent Badinter : avoir réussi à imposer sa réforme contre des Français réfractaires à ce changement.

Emmanuel Macron ne s’y trompe pas. Dans son discours justifiant l’entrée de Badinter au Panthéon, il ne cesse d’invoquer ce qu’il appelle « l’État de droit ». Et France Inter qui est, comme chacun sait, la voix du pouvoir expliquait, jeudi dernier, qu’avec Badinter c’est « l’État de droit » qui serait « sacralisé au Panthéon ».

Or, dans leur bouche, l’État de droit c’est cette conception très spécifique et spécieuse de la démocratie qui veut qu’une poignée de juges non élus doivent pouvoir imposer leur volonté au peuple. Parce que pour ces clercs progressistes, le peuple est con, laid, buté vulgaire. D’ailleurs, il n’a pas d’opinion ni d’idées mais tout au plus des émotions et des pulsions. Il est borné, il a le front bas, les idées courtes et si on le laisse faire, il va inévitablement faire des bêtises : par exemple, demander des lois de droite. Et donc il faut qu’il y ait juges beaux, distingués, visionnaires, progressistes avec des idées élégantes, bref des juges de gauche pour poser des garde-fous, imposer des interdits et empêcher le peuple de faire des bêtises.

Pour Badinter et pour les partisans de sa panthéonisation, la véritable démocratie n’est pas le pouvoir du peuple, par le peuple pour le peuple. Non, non, la véritable démocratie c’est le pouvoir des juges, par les juges, contre le peuple. Avec l’entrée de Badinter au Panthéon, qui présida pendant 10 ans le Conseil Constitutionnel, c’est aussi cette conception biaisée de la démocratie comme idéologie qui sera célébrée demain.

Et la cérémonie elle-même en témoignera puisque la famille et le régime ont fait savoir que ni la France insoumise ni le Rassemblement national n’y seraient les bienvenus. En fait seuls les membres du bloc central résiduel sont les bienvenus.

La panthéonisation de Badinter vient ainsi souligner l’idée que l’extrême-centre et la gauche ont, par nature, la légitimité pour exercer le pouvoir même lorsqu’ils sont ultra-minoritaires.

Il ne faut donc pas s’y tromper. Badinter n’est pas tant célébré par Emmanuel Macron et l’extrême-centre progressiste parce qu’il a aboli la peine de mort mais plutôt parce qu’il a œuvré à abolir la démocratie et parce que comme avocat, comme garde des Sceaux et comme président du Conseil constitutionnel il a été un partisan acharné du pays légal progressiste contre le pays réel conservateur.

Voilà pourquoi, en réalité, la patrie ne lui est pas reconnaissante.


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